« Pour moi, la Solitaire c’est la plus belle course qui soit, explique-t-il. C’est la seule course où tous les concurrents partent avec des bateaux identiques, qui sortent du même moule et qui ont été construits de la même façon. C’est donc le bonhomme qui fait la différence, le skipper qui est performant ou non. La Solitaire, c’est toujours une régate accrochée sur l’eau, homogène, avec un beau plateau au départ. Pour moi, j’espère que ce sera un déclic. Je suis à la porte du top 10 dans le circuit. J’espère vraiment pouvoir franchir un palier. »
Cheminement logique
Un palier qui prendrait alors des allures de consécration pour celui qui découvrit la voile dès l’âge de 8 ans grâce à son père, « voileux amateur » et très bon bricoleur. Ce dernier lui fabriqua, en effet, un Optimist qui lui permit de tirer ses premiers bords devant les Sept-Îles. Dès lors inoculé, le virus de la voile ne quittera plus le marin breton, dont la carrière connaît un cheminement logique et intelligent.
Issu de la filière sportive des Côtes-d’Armor, le professionnel de la course au large depuis quatre ans est un pur produit de la formation maritime bretonne qui a navigué sur tous les supports : Optimist, 420, Laser, First Class 8, Melges 24, Mumm 30. Une polyvalence qui, de fait, a nourri son expérience. Car le palmarès du Briochin n’est que le fruit de ses multiples navigations sur des bateaux tout à fait différents. Pour exemple, le Breton fut sacré champion de France d’Open 5.7 en 2010 et vice champion de France de Match Racing, discipline considérée comme l’antichambre de la prestigieuse America’s Cup. Lors de sa première participation à la Solitaire du Figaro en 2007, il manqua de justesse la place si symbolique de premier Bizuth, victime d’une panne de pilote automatique.
Fidèle à son territoire
À bientôt 40 ans, Vincent Biarnès peut désormais, légitimement, prétendre à une place à la table des grands. C’est aussi pourquoi il vit et s’entraîne à Lorient depuis un an et demi. « Pour m’entraîner avec mes collègues, j’ai été obligé de migrer », s’excuserait presque l’ancien entraîneur du Centre départemental de voile habitable, qui demeure néanmoins, l’ambassadeur du Team Baie de Saint-Brieuc. Créé par le club des entrepreneurs de la baie avec le soutien de l’agglomération briochine, ce groupe a pour ambition de promouvoir l’identité maritime du territoire de la préfecture des Côtes-d’Armor. « J’adhère totalement à leur vision des choses, poursuit Biarnès. Il est donc logique que je fasse travailler les entreprises du coin. Au niveau du partenariat aussi, c’est important. Cela me permet d’être continuellement en contact avec des entreprises prêtes à m’aider.
Avant le groupe Guyot Environnement, j’ai été soutenu, et le suis encore, par la société Prati’Bûches de Philippe Le Gall. C’est grâce à eux que je peux vivre de ma passion. »
Fidèle à son territoire, le Costarmoricain peut donc s’appuyer sur les partenaires locaux dans une sorte de marché « gagnant-gagnant ». En remportant une étape ou en terminant dans le top 10 de la prochaine Solitaire du Figaro, Biarnès pourrait franchir un nouveau palier et offrir ainsi, d’importantes retombées pour la baie qu’il représente.